Mosquée Umawi

Ramadan 1427 au Sham

Témoignage d'une étudiante, comptant parmi près d'une centaine d'invités du Shaykh Muhammad Al-Yaqoubi pour Ramadan 1427

21 avril 2022 • 19 Ramadan 1443 • 5 min de lecture

La louange à Celui qui nous guide vers Sa voie, et les salutations sur Son Messager, les Nobles Famille et Tribu, et ceux qui suivent leurs voies.

Nous remercions tout d’abord notre hôte, le savant érudit et guide exemplaire, le phare de Damas et du monde entier, notre vénéré professeur et bien-aimé Shaykh al-Sayyid Muhammad Abul Huda Al-Yaqoubi et sa famille. Qu’Allah le Très Haut les protège, comme ils nous ont ouvert les portes de leur foyer durant le mois béni au cours duquel Allah ﷻ ouvre les portes du Paradis.

Ceux d’entre nous qui ont eu le privilège de passer ce temps précieux sous leur soin n’ont manqué de rien. Tous nos besoins – physiques comme spirituels, intellectuels ou émotionnels – ont été satisfaits de la manière la plus généreuse, la plus courtoise et la plus délicate qui soit.

Pendant un mois, nous avons mangé ensemble, prié ensemble, étudié ensemble, récité le Saint Coran, les awrads shadhili et les qasidas ensemble, le tout en la gracieuse présence et sous l’œil attentif de notre hôte – puissent les vertueux manger, les pieux rompre le jeûne et les Anges prier sur sa demeure. Certains soirs, des visiteurs se joignaient à nous – membres de la famille, proches ou éloignés, érudits, saints ou notables, voyageurs ou riverains de Damas, personnes seules ou groupes. Nous avons été témoins d’un mariage entre deux disciples de la Voie. Nous avons assisté à la shahada de deux nouveaux musulmans. Et nous avons passé Laylat al-Qadr immergés dans le dhikr d’Allah, dirigés par le Guide le plus parfait et le vrai Connaisseur, qu’Allah élève son rang.

Nous nous réunissions aux alentours de l’heure de `Asr dans sa demeure dans la banlieue de Damas, pour passer la dernière partie de la journée à réviser nos notes, lire le Saint Coran ou faire du dhikr de manière individuelle. Lorsque l’adhan de Maghrib était prononcé, nous rompions le jeûne avec des dattes et priions, avant de nous voir servir le repas du soir. Le Shaykh (qu’Allah fasse de lui notre porte vers le Prophète, paix et bénédictions sur lui) récitait avec nous quelques awrads de la Voie Shadhilite, puis entonnait les qasidas traditionnelles, accompagné par les daff et les voix de munshidin émérites. Cela durait jusqu’à l’heure de `Isha. Ensuite, la prière de Tarawih était dirigée par deux étudiants avancés en qira’a, Shaykh `Isam et Shaykh `Abd al-Qadir, originaires respectivement de Tunisie et d’Algérie, qui récitaient un juz’ entier selon la qira’a de Qalun, la récitation des gens de Médine (qui diffère légèrement de la récitation Hafs, plus courante). Après cela, les cours débutaient.

Le Shaykh (qu’Allah répande la lumière de sa guidance) enseignait depuis trois livres différents :

1. « Al-Tibb al-Nabawi » – La médecine prophétique, écrit par Ibn Qayyim al-Jawzi.
2. « Al-Adhkar » de l’Imam al-Nawawi.
3. « Futuh al-Ghaib » – Révélations de l’invisible, écrit par `Abd al-Qadir al-Jilani.

Le premier ouvrage est un commentaire de hadiths dans lesquels le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) suggère un traitement médical, l’applique à quelqu’un ou se l’applique à lui-même. L’auteur est un savant damascène du 8ème siècle Hijri. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un livre de médecine en tant que tel, il contient beaucoup de sagesse universelle extraite de différentes traditions médicales. De nombreux traitements portent sur les types d’aliments à consommer – ou à éviter -, un sujet tout à fait judicieux à étudier pendant le mois de Ramadan !

Le second est un recueil de hadiths mentionnant les adhkar du Prophète (qu’Allah le bénisse ainsi que sa famille et lui accorde la paix), dont l’immense valeur est exprimée par le dicton :  » Bi`al-dar tashtari al-adhkar  » – « Vends ta maison pour acheter al-Adhkar. » La partie introductive du livre traite des sunan et adab du dhikr. Puis, l’auteur mentionne des adhkar spécifiques utilisés en différentes occasions – un net avantage en comparaison avec les petits livrets couramment utilisés.

Le troisième livre est une véritable clé pour la science du Tasawwuf et pour la compréhension correcte du Tawhid dans son entièreté. Un soir, alors que ce livre était en cours de lecture, deux gentlemen en visite de Grande-Bretagne ont été guidés à accepter l’Islam entre les mains de notre Maître, l’héritier de Shaykh `Abd al-Qadir, qu’Allah préserve ses secrets.

Est-ce que nous qualifierions cela de programme Rihla ?

Rihla, oui – dans le sens où nous sommes venus ici en tant que voyageurs, à la recherche de la connaissance vivante, aspirant à un regard de la part de ses dépositaires, désireux d’inhaler le souffle du Saint Coran récité avec un tajwid impeccable, des hadiths narrés avec les plus hautes chaînes, et de la poésie de l’amour passant sur la langue de ceux qui ont goûté sa réalité.

Rihla, oui – dans le sens où nous sommes venus ici en tant que voyageurs, à la recherche de la connaissance vivante, aspirant à un regard de la part de ses dépositaires, désireux d’inhaler le souffle du Saint Coran récité avec un tajwid impeccable, des hadiths narrés avec les plus hautes chaînes, et de la poésie de l’amour passant sur la langue de ceux qui ont goûté sa réalité.

Historiquement, et concrètement, les voyages sont et seront toujours « une portion du feu ». Mais notre Rihla était une Rihla loin de nos foyers, vers un meilleur foyer, quittant nos familles pour rejoindre la meilleure des familles, qu’Allah bénisse leur rizq et fasse de leurs enfants la fraîcheur de leurs yeux. Au sein de ce lieu, nous avons trouvé le calme propice à la pratique des adorations et à l’étude, tandis que les enfants jouaient aux alentours de la maison, que les mères allaitaient leurs nourrissons et que les membres de la famille s’adonnaient paisiblement à leurs activités quotidiennes.

A présent, voici la preuve ultime que nous ne sommes venus que pour rendre visite à notre clan. Au milieu du mois, une de nos chères sœurs a été donnée en mariage à un de nos chers frères, des mains de notre père spirituel et dépositaire (qu’Allah lui remette les clés de notre salut). Le contrat a été constaté à son domicile par certains des awliya du Sham, dont Shaykh Shukri Luhafi, et par l’ensemble des invités du majlis. Deux mawlids ont été chantés : Le premier était destiné à toute l’assemblée et s’est terminé par une hadra. Puis les frères sont partis, et un groupe de femmes a récité un mawlid réservé aux femmes. De telles occasions ne peuvent être vécues qu’en personne, au moment et à l’endroit où elles se produisent. Tout ce que nous pouvons dire ici est ce qui suit : cette nuit-là, il y avait de la joie et de la gaieté, comme l’exige l’occasion. La nuit suivante, le Shaykh lui-même (qu’Allah lui accorde la récompense de nos actes) a dirigé la prière de tarawih, récitant deux juz’ en huit raka`at, compensant ainsi la qira’a manquée la nuit précédente.

Programme, oui – dans le sens d’une organisation efficiente. Il est évident qu’il faut une certaine planification pour accueillir près de 100 invités, jour après jour, sur tout le mois, dans une maison familiale classique – qu’Allah la parfume de Ses bénédictions et y fasse habiter Ses Anges.

Il est également évident qu’il faut des années de préparation en termes d’auto-formation et de raffinement des manières pour qu’un majlis de cette nature se réalise. Si vous aviez vu les mains délicates du « saqi », versant le thé avec soin pour ne pas en renverser une goutte, tournant avec art la cuillère à sucre et servant gracieusement, ou le « mubakhir » tournant attentivement le charbon sur la flamme, attrapant la température exacte qui fait ressortir les meilleurs parfums du `oud ; ou encore, si vous aviez entendu les munshids répondre à chaque suggestion du Guide (qu’Allah nous empêche de voir autre chose que la perfection en lui), tantôt les dirigeant vers des airs populaires joyeux, tantôt dirigeant une hadra.

Nous nous sommes retrouvés, pendant un mois, comme les gens de la Suffa dans la mosquée du Prophète (qu’Allah lui accorde, ainsi qu’à sa famille, les meilleures salutations et une paix parfaite). Nous étions les invités de sa descendance, dont la maison était notre mosquée, qui nous a nourri de sa main, nourri de ses regards, nous a fait des rappels par ses paroles, nous a guidés par son exemple – qu’Allah nous permette de trouver sa main secourable le Jour de la Calamité, et de recevoir d’elle un breuvage du Hawd.

L’Aïd est arrivé avec sa joie et ses célébrations, notamment une fête pour les enfants, et des visites à la famille et aux amis. A qui rendons-nous visite, quand on est soi-même un visiteur ? Nous avons rendu visite à ceux de nos ancêtres spirituels qui sont enterrés ici à Damas, et aux maqams des auteurs des livres que nous avions étudiés (qu’Allah soit satisfait d’eux tous et multiplie leurs récompenses), en demandant à Allah de nous faire sortir de l’état de faiblesse et d’indignité, et de nous équiper pour porter leurs trésors.

Que reste-t-il ?
La dette que nous avons contractée :
notre devoir de remercier
en actes et en paroles

…ce qui signifie, entre autres, mettre en pratique les présents qui nous sont offerts…

Écrit durant le mois de Shawwal 1427, par un serviteur fautif qui s’avérait passer auprès du cercle des Nobles.

bmk2006

Références : Damas Cultural Society